Le 38 m2 signature d'une jeune architecte d'intérieur

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Dénicher un appartement au sein d'une métropole aussi attractive que Lyon n'est pas de tout repos, même lorsque l'on n'a pas peur des travaux. À l'issue de mois de recherches et d'une première déception, l'architecte d'intérieur Justine Martoni était sur le point de mettre son projet immobilier en pause lorsque le destin s'en est mêlé. Après avoir ignoré les nombreuses alertes reçues pour un 38 m2 à Caluire et Cuire, la jeune femme s'est finalement décidé à le visiter, sans grande conviction. Pourtant, un nom figurant sur l'une des boîtes aux lettres a changé la donne dès son arrivée : "Je n'étais pas encore entrée dans l'immeuble mais je savais déjà que j'allais acheter cet appartement limitrophe de Lyon, confie-t-elle. Le nom du propriétaire était identique à celui de ma grand-mère, je l'ai pris comme un signe car je ne crois pas vraiment aux hasards". Les travaux à prévoir à l'intérieur, loin de la décourager, n'ont fait que confirmer sa conviction qu'un projet signature était en train de se dessiner...

S'il n'était pas très attirant en l'état avec son carrelage blanc à carreaux et sa cuisine des années 2000, cet appartement situé à quelques enjambées de Lyon avait le mérite de proposer une vertigineuse hauteur sous plafond. Comme la mezzanine n'occupait qu'une partie du volume, il paraissait bien plus grand qu'il ne l'était réellement, offrant près de 3,70 mètres de perspective au séjour. Un atout qui n'a pas échappé à Justine Martoni, bien décidée à redorer l'image de cet appartement dont le potentiel n'était pas suffisamment exploité. Il fallait en effet rectifier l'agencement, notamment autour de la mezzanine, pour le rendre plus agréable à vivre au quotidien. Sans oublier le mur en pierres qui sommeillait sous le placo depuis des décennies, révélé dès les prémices du chantier. Ce projet permettait surtout à cette architecte d'intérieur, alors salariée, d'exercer ses talents sur un projet personnel avant de se lancer dans la folle aventure de l'entrepreneuriat. Autant dire que ce 38 m2 fut le point de départ d'une nouvelle trajectoire professionnelle pour cette passionnée. Récit d'une inspirante transformation.
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>> Le projet de rénovation en bref >> Le lieu : Caluire et Cuire, dans la métropole de Lyon. La surface : 38 m2 Carrez, sans compter la mezzanine de 12 m2 et le grenier de 12 m2 également. La durée des travaux : moins d'un mois. Le budget : 10 000 euros sans la verrière et sans l'escalier, un montant rendu possible par la réalisation d'une partie des travaux en autonomie et le contexte économique pré-covid. L'idée : raviver l'âme de cet appartement de type canut avec un nouvel agencement et une esthétique plus adaptée à l'architecture, notamment en révélant un mur en pierres.
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agrandir La recherche immobilière ou l'art de la persévérance

1 - La recherche immobilière ou l'art de la persévérance - Après être tombée sous le charme d'un premier logement de Caluire et Cuire, parfaitement rénové mais finalement hors budget, Justine Martoni pensait mettre de côté son projet d'investissement pendant quelques mois. Le marché tendu de la métropole lyonnaise ne lui permettait pas de conjuguer toutes ses envies, tout du moins c'est ce qu'elle commençait à penser. Et comme l'appartement en question était situé à seulement quelques numéros de sa première déception, elle ne s'est pas immédiatement intéressée à l'annonce. Mais cette dernière ne cessait de réapparaître dans ses suggestions immobilières... Certainement plus pas curiosité que par conviction, la jeune femme s'est donc rendue sur place, pour finalement découvrir ce qui allait devenir sa première réalisation solo. En somme sa future vitrine d'architecte d'intérieur.
L'appartement était complètement habitable en l'état mais semblait coincé au début des années 2000, période à laquelle s'était installé le précédent propriétaire. Seule la salle de bains avait récemment bénéficié d'un rafraîchissement, réduisant ainsi le budget des transformations à prévoir. Mais au-delà de la décoration ou de l'agencement c'est bien l'architecture qui a capté l'oeil de Justine lors de sa première visite.

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agrandir Au-delà des apparences, un immeuble canut à réveiller

2 - Au-delà des apparences, un immeuble canut à réveiller - Le plafond, bardé de poutres étonnamment bien conservées, apportait du charme à l'ensemble de l'appartement mais laissait surtout supposer que des pierres se cachaient sous le placo® prédominant. "Je me doutais qu'il s'agissait d'un canut (ndlr le nom donné aux anciens ateliers de tisserands, typiques de la région lyonnaise) car il possédait les codes caractéristiques de ce type de construction, mais personne dans l'immeuble ne pouvait alors me le confirmer. Tout avait été plaqué au cours des dernières décennies. Il a fallu gratter le plâtre pour découvrir que l'un des murs était composé de jolies pierres qui ne demandaient qu'à être révélées. Ce fut le point de départ de la rénovation, celui qui m'a amené à réévaluer l'ambiance que j'envisageais initialement pour ce cocon."
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En photo : suspension Vertigo par Petite Friture ; meuble métallique Ikea
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agrandir La pierre sommeillait sous la cloison depuis plusieurs décennies

3 - La pierre sommeillait sous la cloison depuis plusieurs décennies - Après de longues années passées sous les plaques de plâtre, les pierres avaient besoin d'une petite restauration, effectuée par un professionnel du bâtiment dès les prémisses du chantier. Il était en effet important de "sortir" ce vestige du canut avant de revoir l'agencement. Les plans envisagés dans un premier temps ont été volontairement rectifiés pour coller avec cette architecture ancienne qui donne toute sa personnalité à l'appartement. À titre d'exemple, la cuisine aux façades bleues et au plan de travail marbré que l'architecte d'intérieur pensait jusqu'alors installer s'est effacée au profit d'un tout autre modèle, plus épuré. Ce mur brut a permis d'accentuer le cachet porté par les poutres, créant l'engouement sur les réseaux sociaux et auprès du voisinage. Une rénovation similaire des murs fut ainsi enclenchée chez une voisine après la découverte des photos postées par la pro.
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En photo : applique AMPM

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agrandir Le choix évident du bois en cuisine

4 - Le choix évident du bois en cuisine - Si la nouvelle cuisine s'est glissée sous le mur en pierres une fois celui-ci révélé, c'est parce qu'elle occupait déjà cette zone de l'appartement avant les travaux. Son orientation était légèrement différente puisqu'elle faisait face aux fenêtres, occupant principalement l'angle sous la mezzanine. Le mur en question était recouvert de placo® - il n'y avait alors aucune raison de le valoriser par un linéaire. L'ancien propriétaire avait certainement choisi cette orientation pour libérer de la place sous les fenêtres pour une salle à manger. Comme Justine Martoni avait prévu de déplacer cette fonction dînatoire sous la mezzanine, il lui était possible d'investir toute la longueur du mur avec une cuisine. Le bois permettait de souligner les nuances dorées des pierres et s'est donc imposé comme une évidence, là où était initialement prévue une version bleutée. Le modèle (déniché chez le géant suédois mais malheureusement plus commercialisé) offrait un aspect bois bluffant pour un budget moindre. Un plan de travail en mélaminé blanc fut ensuite posé comme une ligne couture sous le mur.
Le coût dérisoire de la cuisine, environ 3000 euros, fut également rendu possible par l'installation des équipements derrière les façades. Ils n'ont pas été intégrés mais simplement dissimulés - il faut donc ouvrir la porte en bois, puis celle du réfrigérateur pour y accéder. Une concession qui a fait toute la différence sur le budget final.
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En photo : cuisine Ikea façades EKESTAD (plus commercialisées aujourd'hui) ; applique AMPM
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agrandir Une vue dégagée sur le Rhône

5 - Une vue dégagée sur le Rhône - Lors de sa visite, Justine Martoni s'est naturellement arrêtée sur la vue proposée par le 38 m2. Depuis les grandes fenêtres, typiques des immeubles canuts, le Rhône se dessinait déjà comme toile de fond. L'ambiance imaginée par la pro a justement accentué cette impression en permettant au regard de se concentrer sur la verdure des arbres, ou les nuances brunes du fleuve, et non sur des murs colorés. Seuls le plafond bardé de poutres, et les pierres déployées au-dessus du linéaire, ont rompu la chromatique.
Une base minimaliste comme celle-ci permettait également de souligner la belle luminosité du bien. De fait, peu de changements ont été réalisés au niveau de l'électricité, la plupart des luminaires offrant un éclairage indirect suffisant à la nuit tombée : "la suspension du salon est avant tout là pour habiller la hauteur sous plafond, elle n'est pas électifiée car je ne voulais pas qu'un fil noir court le long des poutres. Comme le volume est baigné de lumière par les larges ouvertures, il n'est pas nécessaire d'allumer tôt dans la soirée, ce qui permettait de limiter les travaux d'électricité. Le plus gros du chantier était surtout lié à la démolition".
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agrandir Inspiration japandi pour la décoration de l'appartement

6 - Inspiration japandi pour la décoration de l'appartement - Un rafraîchissement peinture a suffi à raviver l'éclat des autres murs. D'une manière générale, les tons doux comme le grège, le sable, le blanc, ont été privilégiés pour ne pas détourner le regard de l'architecture singulière. Adepte des ambiances japandi, la propriétaire et architecte d'intérieur s'est donc appuyée sur une palette apaisante, qui s'adapte facilement aux changements. Il fallait en effet que le logement puisse plaire à d'autres personnes, le projet étant de l'habiter quelque temps avant de le proposer à la location. Des touches de noir, notamment incarnées par la suspension Vertigo du salon et l'escalier métallisé de la mezzanine, ont ensuite permis d'apporter du caractère à la décoration.
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En photo : canapé Ikea relooké avec une housse BEMZ ; table d'appoint en métal Ikea ; rideaux La Redoute Intérieurs

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agrandir La silhouette de la mezzanine a évolué pendant les travaux

7 - La silhouette de la mezzanine a évolué pendant les travaux - "Le précédent propriétaire, qui avait plus de 70 ans au moment de la vente, avait logiquement installé sa chambre sous la mezzanine, dans une pièce borgne et uniquement accessible depuis l'entrée. Je trouvais dommage de ne pas bénéficier de la belle luminosité de l'appartement sous la plateforme, et j'ai donc décidé de l'ouvrir largement sur le volume principal en supprimant la paroi". La dépose d'une cloison était l'occasion de revoir légèrement à la baisse les proportions de la mezzanine, alors avancée sur le séjour de quelques centimètres supplémentaires. Une verrière avec une partie fixe et une autre coulissante a ensuite permis de conserver les perspectives gagnées avec la démolition sans pour autant sacrifier l'intimité de la pièce située sous la structure. Car si Justine a pris le parti d'installer sa chambre en hauteur, elle souhaitait laisser la liberté à ses locataires d'en faire autrement. Une cloison vitrée comme celle-ci permettait également d'apporter la lumière qui faisait cruellement défaut dans la configuration d'origine. Il n'était toutefois pas question qu'elle prenne le dessus sur l'architecture, ou même sur l'escalier dessiné pour l'occasion, c'est pourquoi ses montants ont été choisis blancs.
À cette ouverture maximale s'est ajoutée une petite saignée dans le mur de séparation avec l'entrée, là où trônait autrefois un placard. Une bibliothèque Billy trouvée chez Ikea fut ensuite adaptée aux dimensions de l'ouverture pour créer un meuble d'exposition, accessible d'un côté comme de l'autre.
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En photo : fauteuil Zara Home ; verrière réalisée sur mesure en métal par le père métallier de l'architecte d'intérieur

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agrandir Un espace cocon s'est glissé sous la structure

8 - Un espace cocon s'est glissé sous la structure - Même si la partie supérieure de la mezzanine ne peut être comptabilisée dans les mètres carrés habitables en raison de sa hauteur limitée (approximativement 1,60 mètres de haut), elle était suffisamment confortable pour accueillir le lit de la jeune femme ainsi qu'une série de rangements, libérant ainsi le dessous de cette fonction de nuit. Pensée comme un prolongement naturel du séjour, la pièce s'est donc muée en salle à manger. La profondeur permettait d'ériger des rangements supplémentaires en fond de course, sans encombrer le passage autour de la table ronde installée à l'issue du chantier. Tout l'intérêt étant de pouvoir changer sa fonction selon l'envie ou la situation. Suffisamment cosy pour héberger une chambre, la pièce sous la mezzanine se prête aussi bien aux exigences du télétravail avec sa verrière modulable.
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En photo : chaises Kave Home ; commodes MALM par Ikea
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agrandir La touche sculpturale incarnée par l'escalier en métal

9 - La touche sculpturale incarnée par l'escalier en métal - Plusieurs raisons ont motivé l'installation d'un nouvel escalier. La première étant liée au manque de praticité des pas japonais existants, gain de place mais peu confortables pour un usage quotidien comme l'envisageait justement l'architecte d'intérieur - le précédent occupant, qui dormait en bas, ne devait pas l'emprunter souvent. Elle souhaitait également apposer sa patte sur ce logement avec une pièce sculpturale, et s'est donc naturellement tournée vers son père métallier. Ensemble, ils ont esquissé les contours d'un escalier sur une serviette en papier en guise de référence avant de se lancer. Après avoir signé la verrière, le père a donc réalisé cette montée en métal noir, qui attire aujourd'hui tous les regards avec son profil contemporain, contrastant à merveille l'architecture ancienne du lieu.

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agrandir Investir le 'grenier' de l'appartement

10 - Investir le 'grenier' de l'appartement - L'aménagement de la mezzanine ne concernait pas uniquement la partie visible depuis le bas - il fallait également investir la pièce aux allures de grenier qui s'étendait discrètement au-dessus de l'entrée. Seule une lucarne trahissait alors sa présence dans le dessin du bien. S'il n'était pas possible d'en faire une deuxième chambre en raison de ses proportions, elle permettait en revanche d'entreposer tous les éléments qui ne pouvaient trouver leur place dans les commodes de la chambre comme les skis, les valises ou les cartons. À cette fonction de stockage s'est ajoutée celle de buanderie, offrant à ce petit appartement tout le confort d'un grand.
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agrandir Un effet boîte volontairement accentué dans l'entrée

11 - Un effet boîte volontairement accentué dans l'entrée - Avant de découvrir les pierres qui sommeillaient sous le mur latéral, Justine Martoni pensait revisiter le logement avec un béton ciré. Le bois était cependant plus approprié à l'atmosphère d'un canut, une fois le charme de celui-ci révélé, voilà pourquoi un stratifié fut posé dans l'ensemble du séjour. Mais il fallait encore trouver comment remplacer le carrelage à carreaux de l'entrée par un revêtement qui ne gêne pas les mouvements de la porte. Une opération de détalonnage n'était pas envisageable avec un modèle aussi ancien et lourd que celle installée - notre architecte d'intérieur a donc dû s'adapter. Des dalles vinyles à clipser se sont imposées après avoir cherché, en vain, un béton à l'épaisseur moindre. La configuration même du sas offrait la possibilité de créer un effet boîte, notamment car une marche la séparait d'ores et déjà du séjour attenant. Les dalles furent volontairement choisies noires pour répondre au plafond et à la porte, fraîchement repeints dans cette couleur sombre, adaptée à cette entrée en second jour. Et pour cause, elle permettait de créer un contraste saisissant avec la pièce de vie de l'appartement, qui n'en paraît que plus lumineuse.

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agrandir Étendre les perspectives à l'aide d'un papier peint

12 - Étendre les perspectives à l'aide d'un papier peint - Un simple papier peint a permis d'étendre les perspectives de l'entrée. Posé sur toute la longueur du mur latéral, il a recouvert la porte de la salle de bains de son trait graphique, lui donnant des accents de pièce dérobée. Cette dernière n'avait pas besoin d'être rénovée dans l'immédiat et n'a donc pas subi de changements comme le reste du 38 m2 : "la salle de douche n'a pas de charme particulier, mais elle reste toutefois propre et fonctionnelle et peut donc patienter quelques années avant de s'offrir un relooking complet de son carrelage blanc", conclu notre professionnelle.
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En photo : papier peint Hovia
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